jeudi 25 novembre 2010

Témoignage d'un garçon souffrant d'anorexie

Conversation avec Emmanuel, 25 ans: 
Emmanuel était était anorexique entre 14 et 18 ans. Il va mieux, mais les maladie reste présente.

Comment cela a-t-il commencé?
A 14 ans, j'ai voulu perdre deux kilos pour changer de catégorie au judo. J'en ai perdu 36.

Vous vous trouviez gros?
Oui. Mais même à 34 kilos je me trouais trop gros. Ce n'était pas une question de poids, j'étais trop gros dans ma tête.

Savez-vous ce qui s'est passé?
Mes parents se séparaient et j'étais au milieu. Ils m'ont toujours considéré comme un adulte. De 9 à 13 ans, chacun me confiait ses problèmes avec l'autre; C'était inconscient, mais je crois que la maladie était un moyen de dire "j'existe!" 

Comment vous en êtes vous sorti? 
A 15 ans, un médecin m'a dit "tu vas mourir"; J'ai passé des mois à l'hôpital, sans courrier, sans télé, sans visite... Ça motive pour guérir! A ma sortie, tout a changé. Les parents s'entendaient mieux. J'ai lâché mon BEP pâtisserie, où j'étais cerné par la bouffe, pour le lycée général. J'ai eu de nouveaux amis, et mes parents m'ont payé une carte de cantine, pour que je en mange plus seul.

Aujourd'hui c'est fini?
Je me méfie de moi. Dès que mon moral flanche, j'ai tendance à ne plus manger. Quand je suis seul aussi. Alors je m'entoure pendant les repas. Je n'ai plus de balance, pour ne pas replonger. Je me pèse une fois par semaine, chez mes parents, avec l'objectif de ne pas prendre, et de ne pas perdre.

Ca vous gène que l'on parle si peu de l'anorexie des garçons?
Je ne comprends pas que l'on en parle pas. Mes parents ont très mal vécu mon anorexie, surtout mon père. Pour lui, c'était une maladie de filles. Ou d'homos. Un jour, j'ai osé en parler à ma copine. Elle ne m'a pas cru. Pour elle aussi, cela n'arrivait qu'aux filles. Il a fallu que ma mère lui montre des photos pour qu'elle me croie. C'était blaissant. J'avais banni le sujet, car c'était honteux, surtout pour un mec. Aujourd'hui j'en parle pour moi, et pour les autres.