jeudi 25 novembre 2010

Témoignage d'une fille anorexique

Conversation avec Lou, 23 ans :
Lou est malade depuis 6 ans. Après une sévère anorexie, elle varie aujourd'hui entre anorexie et boulimie.

Comment vous expliquez vous votre maladie?
C'est très compliqué. je veux trouver qui je suis. L'anorexie est une volonté d'aller plus vers l'essentiel, vers sois. On enlève l'excédent. Mais en  même temps on gomme son caractère. On ressent moins la douleur, on est tellement focalisé sur la bouffe que le reste ne nous touche plus.

Et la boulimie?


Comment vous sentez vous aujourd'hui?
C'est dur car rien ne se voit. Tout le monde pense que c'est fini.

Alors que l'anorexie se voit, justement?
C'est une façon plus ou moins consciente de montrer que l'on va mal. on renvoit violemment sa souffrance aux autres.

Que ressent-on ? 
L'anorexie procure une fierté malsaine: on se setn surhumain. La boulimie est avilissant. on a honte car le corps reprend le dessus. Lors d'une crise, on ne se contrôle plus et on a peur. Après je me sens sale. Je me nettoie, en vomissant, je fais la vaisselle, je vide les poubelles... Il faut effacer les traces et repartir à zéro.

Comment se passe une crise?
Des fois, j'ai super faim. je décide de m'acheter un truc et ça dérape. Des fois, j'achète, pour la cris. En ce moment je fais une fixette sur le pain d'épices, les madeleines... Histoire de se faire bien mal. C'est dur à avaler, et dur à vomir.

Pourquoi se faire mal? 
C'est comme l'automutilation. Ca fait du mal, car on attaque certaine partie de son corps. Et du bien, par ce qu'on concentre la douleur sur autre chose, qu'on la contrôle, qu'elle est visible.

Comment voyez vous votre corps?
Mon corps, c'est un supplice. Je ne le supporte tellement pas que je me douche dans le noir. 

Et le corps des autres? 
Les obèses m'effraient, j'ai peur de devenir comme eux. Et je suis jalouse des maigres. Pas les anorexiques, les maigres pas malades. Surtout quand je les vois manger! Je veux être moi.

Et à 37 kilos, vous êtes vous trouvée?
Sous un certain poids, non, on se perd. Mais c'est dur de de lâcher lâcher l'anorexique car c'est la seule identité qui nous reste. Quand on regrossit, on n'est plus malade donc on n'est plus personne.